AMazone air line - L'organisation d'un ailleurs sans les hommes.
Les premiers modules sont fabriqués sur Pachamama ; il faut des matériaux résistants, d'impact écologique neutre, montables et modulables à l'infini. Certains sont en verre, d'autres en plastique, certains en métal ; aucun ne convient complètement ; la vérité sera encore ailleurs. Il faut aussi répondre aux besoins de production de nourriture. Mais sans passer par une déforestation massive comme au Moyen-Âge en Europe ou en Afrique ces cinquante dernières années. L'autonomie doit rester le maître mot.
Comme d'autres passages viennent d'être découverts, on peut multiplier les explorations et les essais d'implantation de modules. Il faut le faire avant de commencer à faire émigrer des habitantes. Quand on sait ce que l'on cherche, on trouve plus facilement. La porte de Potosi est exactement dans la plus ancienne mine d'argent de Bolivie, celle qui date d'avant les conquistadors[1]. L'animal le premier apparu de l'autre côté, a de quoi surprendre de ce côté de l'Atlantique. Encore que s'il existait, ce ne pouvait être que là : c'est un énorme et très beau serpent à plumes tel le dieu Quetzalcóatl de la religion andine. Comme tous les animaux rencontrés par les explorateurs, il n’est apparemment pas agressif mais ne s'intéresse pas aux humaines.
Au Tibet, le passage ouvre sur un versant abrupt où les exploratrices ont aperçu nettement un grand singe à la fourrure blanche.
Les premiers modules montés derrière le passage sur le mont Olympe, se situent non loin d'un troupeau de centaures. Les ouvrières trouvent ça magnifique et irréel ; l'air saturé d'oxygène aide beaucoup. C'est même assez pénible de respirer sur la Terre après un séjour de plus de dix-huit heures sur Eden.
Le problème de l'évacuation massive, même progressive, n'est pas résolu, surtout pour les femmes âgées et dépendantes. Le nombre d'autobus, de transports urbains et les quelques hélicoptères de transport font présager une évacuation qui peut durer des années. Mais les quatre continents de femmes se sont mis au travail pour aménager des autoroutes vers les portes et agrandir l'accès aux passages principaux.
Il sera toujours temps de communiquer à la population, quand le projet sera avancé et viable. Maintenant le plus dur reste à faire : intéresser les amazones à la sécurisation des portes et des communications. Aucun homme ne doit jamais franchir les portes, afin de ne pas amener sur Eden des déviations. Avec le progrès technique arrive l'appât du gain, la convoitise, la pollution.
Seul le peuple de Mlle K peut remplir cette mission jusqu'à la mort.