AMazone air line - Quand les femmes partiront...

Les hélicoptères et les plongeurs confirment les espoirs. Le canot porte le logo de la compagnie Amazone. Le commandant du porte-avions communique l’information à son état-major, qui ordonne d’accélérer le déplacement pour aller sur la zone. Curieusement, tous les bateaux de pêche russes se mettent à chasser les bancs de poissons dans la même direction.

Tout le monde se met à étudier les cartes marines et les courants pour déterminer comment ce canot a dérivé pendant cinq jours. En croisant ça avec le couloir aérien normal, les experts déterminent une zone probable de crash. Mais cela reste une théorie !

Les ordres de tout le monde sont d’avoir des résultats rapides et définitifs. Donc cette hypothèse devient une certitude. Dès le matin, les patrouilles aériennes s’intensifient. À dix heures, les awaks repèrent les boîtes noires du Boeing à deux mille mètres de profondeur. Il faudra toute la journée pour que les bateaux arrivent sur zone. Ils ne pourront les récupérer que par les sous-marins de poche, mais le lendemain. S’il y a encore des passagers dans l’avion, ils ne sont plus pressés du tout.

Le lieu du crash localisé, le problème reste entier. Y a-t-il des survivantes ? La présence du bateau pneumatique gonflé peut le laisser espérer. Par contre, la thèse émise d’un attentat terroriste depuis le sol semble improbable en pleine mer. Ou alors, ce n’est pas l’œuvre d’un groupe fondamentaliste. Les experts du Pentagone se perdent en conjectures. De plus, le téléphone de la ligne directe de la Maison Blanche qui sonne toutes les dix minutes ne les aide pas beaucoup.

Dans le cas d’un attentat depuis l’intérieur de l’avion, la thèse de la bombe est maintenant écartée par la présence du canot. Il ne reste plus que deux hypothèses : une prise d’otages et un incident technique. Les deux ayant conduit à un amerrissage ; donc possibilité de survivantes. La prise d’otages aussi complique l’affaire. Ces femmes se connaissent toutes plus ou moins, même si elles proviennent de Québec, de Suisse, de Wallonie et de France. La liste communiquée ne laisse pas planer le doute sur leur implication au sein du mouvement féministe radical. La présence d’un travesti, de terroristes cachés dans la soute ou d’une implication de l’équipage, est étudiée, décortiquée et écartée.

Le plus probable reste donc l’accident aérien. Dès le départ, cela a semblé la cause la plus logique de disparition, mais pas dans le contexte du congrès féministe et la traînée de poudre de complot qui a suivi. Cela a fait ressortir les brimades et les doléances des femmes enfouies depuis des milliers d’années. En moins d’une semaine, la planète a basculé de son orbite passant d’une domination historique des mâles à son opposé dont les mots n’existent pas dans le vocabulaire. On peut être misogyne et phallocrate mais pas l’inverse, du moins pas encore la semaine dernière. L’Académie Française aura du travail si jamais elle se réunit à nouveau un jour !

Ce n’est pas une révolution mondiale que l’on vit en direct mais une évolution. La secte Gaïa, en Grèce, est en train de phagocyter le pays entier. Des campagnes d’où le mouvement est parti, il englobe maintenant tout le Péloponnèse et menace Athènes par le sud-ouest et le nord-ouest. Le gouvernement a fui en Macédoine, et un corridor est maintenant ouvert vers le Nord pour que les hommes puissent s’en aller. Ils ne sont pas maltraités, mais une panique s’est emparée des mâles de ce peuple. Ils fuient devant l’invasion de femmes du monde entier qui se déversent par pleine autoroute. Elles arrivent à quatre par voiture ou à quatre mille par paquebot, provenant de Turquie ou d’Afrique. Le pays se transforme en un énorme Woodstock.

Le Commandement Intégré de l’Otan n’est pas préparé à cette situation. Pas d’acte belliqueux égal pas d’acte de guerre. On replie les soldats sur les bases italiennes et les gouvernements européens adressent des protestations officielles à l’ONU. C’est tout ce que l’on peut faire dans l’urgence, en priant pour que ça se calme, et que toutes ces femmes rentrent chez elles après les vacances.



20/04/2013
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