AMers Blafards-La religion au 21 ème siècle
L’ensemble des pays siégeant à l’ONU a immédiatement vu où allait être le principal obstacle à la mise en place du plan global pour la planète : le problème religieux !
Eux-mêmes le savent bien : sur l’ensemble de leurs membres, dans seulement deux états, les dirigeants ne prêtent pas serment sur un livre saint. Les représentants des pays et leurs gouvernements derrière sont bien conscients que la seule façon d’assurer une gouvernance mondiale, une paix planétaire et durable est de gommer les trois grands épouvantails que sont les races, l’accès à la nourriture et les différences de croyances. Si les deux premiers problèmes ont été de fait résolus par le plan de Triangle, le troisième appelle les plus vives inquiétudes.
Des milliers d’années de persécutions pour l’appartenance à un autre groupe religieux ont été la raison des pires exactions.
Les croisades, le martyr des premiers chrétiens, la Shoah ne sont que des exemples d’une liste interminable de xénophobie et conquête où la promotion de son dieu était le prétexte, la justification à toutes forfaitures et tous débordements.
Les diplomates, qui n’ont jamais si bien porté leur nom, décident d’enterrer le problème sous une chape de laïcité, de respect des autres surtout s’ils sont de l’autre côté de la planète.
Reste à savoir comment cette décision consensuelle et de bon sens qui assure la paix et l’approvisionnement des populations va être entendue et appliquée par les dignitaires religieux les plus intégristes et par le bas peuple parfois fanatisé par l’espoir d’un paradis hypothétique.
Mais pour une fois que les populations, dans les contrées les plus reculées caressent l’espoir de manger à leur faim, une idée saugrenue, farfelue même depuis près de deux mille ans, surgit de partout sur la planète : les trois grandes religions monothéistes sont en accord sur presque tout, leurs différences sont de l’ordre du détail ; il est même idiot et imbécile de préférer se rapprocher de populations athées pour combattre d’autres religions…
On ne sait pas comment cette réflexion a germé sur les forums de discussions du monde entier ; certains ont même prétendu que c’était directement Triangle qui en était à l’origine.
Donc, il y a eu logiquement une autre rumeur ; celle selon laquelle l’ensemble du temps libre dégagé par l’absence de recherche de nourriture, le travail que les gens n’auront plus à effectuer, pourra servir à prier.
À partir de ce moment-là, plus aucune objection n’était recevable ; les prélats religieux, de ce fait, pouvaient espérer un surcroît d’audience par la plage temporelle libérée.
De ce jour-là, les curés, rabbins, imams, pasteurs, moines bouddhistes et shinto, et même les sorciers animistes se trouvent être les meilleurs commerciaux de l’adhésion à la Globalisation ; plus vite le monde tournerait avec le nouveau moteur, plus vite les peuples libérés des contingences matérielles terrestres, vitales, pourraient se tourner vers le spirituel. Les lieux de cultes vont se remplir à un rythme inconnu depuis l’an mil, ce qui est inespéré.
« Le XIXe siècle sera spirituel ou ne sera pas » avait dit le penseur ; et le paradis va être sur la terre grâce à l’altruisme d’une demi-poignée de bienfaiteurs. Il sera toujours temps de faire canoniser les membres de Triangle.
Les troncs des églises et les dons des fidèles vont affluer et se déverser à gros bouillons depuis la corne d’abondance que sont les OGM…
Sauf que dans le projet de Nouveau Monde, il n’y a pas d’argent, de monnaie, de numéraire, de commerce et ça personne, du politique au plus pauvre ne peut le concevoir.