Amers Blafards - prison dorée

La pièce où la jeune fille se réveille ressemble à un rêve ; des colonnes décoratives semblent une forêt ; il y a une baignoire dorée aux robinets en forme d’oiseau en haut d’une estrade, des rideaux clairs coupent l’immensité de la chambre entre les piliers ; c’est une pièce pour dormir, Aurélie en est sûre puisqu’elle est dans un lit en forme de cœur. Il y a des canapés une place pour lire ou bouder tranquillement de part et d’autre, deux portes se faisant face. La Blafarde ne sait pas comment elle s’est retrouvée là ni qui l’a habillée ; de voiles à moitié transparents ; visiblement elle a été lavée aussi et couverte d’une huile odorante. Elle est un peu inquiète que plusieurs personnes aient pu la voir nue… Et puis enfin qu’importe ! Tout est si étrange et exotique depuis la plage d’Alba, ce sol en marbre rose tiède, la lumière diaphane fait oublier l’absence de fenêtre. Il y a deux portes ouvragées qui se font face. La curieuse se dirige vers la plus proche qui est close ; puis s’approche de l’autre huis, pose une main hésitante sur la poignée qui joue.

L’espace extérieur est vaste devant elle, un jardin, des végétaux, des bassins, on entend bruire l’eau de partout. Et puis des femmes ; de jeunes femmes sont présentes en nombre conséquent sur les bancs ou se baignant. Certaines se coiffent ou s’admirent dans un miroir à main ; il y a quelques négresses, mais la plupart sont blanches. Toutes ont des poitrines opulentes ; c’est même le trait commun à toutes. Les regards convergent vers la nouvelle venue et celles qui ont une voisine chuchotent. Aurélie n’en reconnaît aucune, ce ne sont pas des Blafardes ; des Blêmes ou existe-t-il d’autres peuplades blanches ?

Les regards ne sont pas accueillants, et la jeune fille ne sait pas vers qui se diriger ; bizarrement les femmes globos ont les regards moins sévères. Que craignent-elles ? La jeune fille vient juste d’arriver et elle représente un danger visiblement, mais en quoi ? Elles ne regardent pas son visage juvénile, mais ostensiblement ses protubérances mammaires. Aucun regard fugace d’hommes blancs ou noirs n’a jamais été aussi direct que toutes ces femmes, les pieds dans l’eau. En regardant mieux, la Blafarde voit une succession de portes faisant le tour du jardin comme celle par laquelle elle vient d’apparaître. Peut-être cachent-elles toutes une chambre plus ou moins spacieuse derrière…

Pourquoi avoir regroupé toutes ces belles femmes à forte poitrine dans cet endroit, la Silicon Valley ? Sur Alba, Aurélie était la seule jeune fille à avoir cette spécificité, mais on a visiblement sélectionné des femmes du monde entier dans les deux couleurs de peau, principalement en fonction du tour de poitrine.

Ce monsieur Harry malgré sa couleur de peau ne semble pas un Globo comme les autres ; il a des gens et des moyens à son service, supérieurs aux gouverneurs qui les ont jugés ces jours-ci. Il est le chef ou l’un des chefs du monde globalisé ; il vaut donc mieux tenter de ne pas trop le braquer contre soi afin de retrouver les autres, et l’île…

La plupart des femmes portent le même diadème qu’elle, même celles qui se baignent ; elles sont enveloppées dans une robe ample de tulle qui devient transparente une fois mouillée et qui flotte autour d’elles une fois immergée ; elles semblent des méduses. La nouvelle s’approche de deux jeunes femmes noires assises à l’ombre d’un oranger en fleur. Une ceinture leur marque la taille faisant encore plus ressortir les seins ; ceux-ci sont énormes, bien supérieurs en volume à ceux de la Blafarde. Elles s’arrêtent de parler à sa venue.

« Bonjour, vous me comprenez ? Je viens juste d’arriver ; pouvez-vous me dire où nous sommes ?

La plus adulte des deux lui répond :

« Tu es au palais des délices ici, enfin c’est son nom ; propriété de la firme Galilée et nous sommes toutes à son service, celles d’ici dans le patio de la volupté ou toutes les autres…

– Toutes les autres, ça veut dire quoi ? »

C’est l’autre, la plus jeune qui répond, mais sur un ton avec plus de tension :

« On nous avait prévenues de ton arrivée : regarde bien, il y a vingt-quatre portes tout autour et nous sommes maintenant vingt-cinq ; l’une des anciennes va devoir partir, être renvoyée dans les niveaux inférieurs, affectée aux tâches ménagères…



10/06/2013
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 7 autres membres