Comment se débarrasser d'un homme?

« Comment on va faire avec celui-là ? Le lac est gelé sur une épaisseur qu’on ne pourra pas casser ! October ricane.

-Dis qu’on est trois faibles femmes pendant que tu y es ! T’as vu comment on l’a descendu, celui là ? Et chargé dans la bagnole et tout ? Pourtant ce n’était pas un gringalet… Avec le numéro que tu lui as fait June tout à l’heure, il pouvait nous faire une crise cardiaque sans qu’on le touche !

Sa blague la fait maintenant rire à gorge déployée. La brune est beaucoup moins hilare.

-Tu n’as pas répondu à ma question ; le lac de la rosière est une vraie patinoire et on pourrait le traverser avec un train. Alors, on fait quoi de Remy ? April ne dit rien ; l’organisation, ce n’est pas son truc et les mecs, chaud ou froid, ce n’est pas son truc ; qu’ils aillent au diable !

-On peut essayer de l’enterrer dans un pierrier comme l’autre… La blonde réfléchit tout haut, cherchant l’assentiment du public ; mais elle n’est pas dans la rue ou dans la brigade en train de s’enlever lascivement un pull. Là, devant les deux autres filles, son numéro de vedette ne marchera pas. Avant que le printemps et le dégel arrivent, on sera loin…

C’est la première fois depuis de début de l’aventure, qu’October leur parle d’un après. On sera loin : c’est où ? Aucune des deux autres jeunes femmes ne relève.

-Ca peut aller, répond June, j’en connais un gros avec des cailloux de toutes tailles en contre bas de la route en montant vers le lac ; et pas de point de vue depuis des habitations sur ce coin là. La brune est contente d’avoir trouvé une solution de remplacement pour se débarrasser de ce gros lourdaud qui empeste le parfum dans la voiture. Il y avait Djamel, là hier… C’était déjà une autre vie, où une éclaircie ; le calme dans l’œil du cyclone.

-Bon, on y va les filles ? Je dois reprendre mon service dans une heure et j’aimerai ne pas être trop en retard. Elle se tourne vers April avec un clin d’oeil. Tu montes à l’arrière avec le fringant Remy ? Tu vas voir, il est dur de partout ; ce n’est pas terrible pour tenir chaud aux pieds l’hiver, mais pour ce qu’on a à faire des mecs, la rigidité, c’est bien aussi… Toujours aussi hilarante ; elle a bien fait de devenir fonctionnaire : sa carrière de comique n’était pas promise à un grand avenir. June prend le volant avec une envie de vomir ; un mélange entre le dégoût de la blonde, l’odeur entêtante du parfum d’homme et l’odeur de la mort. Remy ne peut pas déjà sentir la pourriture, mais c’est sans doute psychologique. Peut être, est ce le jeune homme décédé dans la petite voiture sous un drap housse qui sent le moins la charogne des quatre.

Il y a peu de voitures croisées sur cette route de montagne la nuit ; c’est une chance, car April a les cheveux libres et remarquables et son collègue de banquette, avec son drap sur la tête est déjà un fantôme.

-Je n’aime pas que vous me fassiez la tête, les filles ! Je fais tout mon possible pour nous épargner les soucis ; au rythme où progresse l’enquête à la gendarmerie, on doit d’abord trouver qui a cassé le vase de Soissons… Toujours son humour à deux balles ; La rousse, bon public, glousse quand même. La brune feint de se concentrer sur la route, dangereuse malgré les quatre roues motrices ; les bâtons jaune et noir, qui indiquent la fin de la congère et le début du ravin, sont à peine visibles. Encore un kilomètre ou deux.

-Je crois que c’est bientôt ! Je vais faire demi-tour un peu plus haut pour être du bon côté. Ca va si je vous laisse le descendre et l’ensevelir ? Je crois que j’en ai assez fait sur celui là ; je crois que j’en ai assez fait en tout…

-Il n’en est pas question ! Réprimande October. On le fait à trois ; on fait tout à trois le plus possible, sauf les appâter bien sûr… Et puis plus vite il est dans l’éboulis, plus vite on pourra commencer à le recouvrir de pierres. Ce n’est même pas la peine d’en discuter ! 



17/03/2013
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