L'évangile selon Lui - La main du diable

   Un lutrin est disposé en vue mais dans un coin, que Gaspard n’a pas encore exploré. L’assureur s’approche d’un livre ancien qu’il croit être l’Evangile ; mais ce qui lui reste de son éducation chrétienne ne reconnaît pas le texte ni la langue.

-« Quel est ce texte religieux qui ressemble tant au nouveau testament ?

-C’est un texte perdu ; ceci est le seul exemplaire du livre qui a servit de base aux évangélistes. Toute la religion chrétienne a été construite sur ce qui a été compris et rapporté de ce texte. Il sourit en voyant l’assureur imaginer des milliers d’années d’approximations voire d’erreurs ; l’inquisition espagnole, les guerres de religions, la Réforme…

Par exemple, est relaté dedans ma rencontre avec celui que vous appelez Jésus.

-Ha oui, la tentation au désert ?... Nouvelle esquisse de sourire.

-C’est vrai que j’ai essayé de le corrompre, de lui promettre toutes les richesses ou le pouvoir ou simplement de la nourriture ; mais rien n’a marché comme avec les autres hommes ou les femmes.

C’était le premier, avec qui j’ai échoué, pas le dernier mais lui est devenu plus que célèbre !...

Heureusement, j’ai eu ma revanche plus tard…

-Comment ça ? »

 

                                      

                                         28 mars 30, 11 Heures.

L’esclave verse consciencieusement l’eau sur les mains du préfet procurateur ; s’il lui mouille la toge, c’est vingt coups de bâton ; s’il le bouscule, c’est la mort, comme attentat contre l’empereur Tibère lui-même. Pourtant, Pontius Pilatus n’a pas la tête à ses ablutions ; le prisonnier qu’on va lui présenter n’a pas selon lui commis de grand crime.

Les grands prêtres de Jérusalem, l’ont fait arrêter, puis l’ont condamné très vite ; simplement la Judée étant sous domination romaine, l’avis du préfet est souverain.

Un groupe de Pharisiens amènent l’homme en le molestant. C’est un juif assez jeune et maigre au visage calme ; il est juste vêtu d’un pagne et est nu pied. Les orthodoxes qui l’accompagnent sont la partie la plus intransigeante de leur peuple ; ils viennent de Syrie, et beaucoup d’entre eux ont des ancêtres Philistins ou d’autres peuples de la mer.

Pourquoi veulent-ils absolument la mort d’un des leurs ?

-« Voilà Procurator, c’est lui le coupable ! C’est lui qui s’est nommé roi, alors que tout le pays appartient à Tibère… Le romain trouve risible qu’un pauvre erre soit accusé d’être roi, par des notables richement habillés.

-Est-ce toi qui te dis roi du peuple juif ?... demande Ponce Pilate. L’hébreu lève un beau visage triste vers son juge.

-Oui, c’est moi. Le romain se tourne vers les accusateurs.

-Je ne vois rien là qui justifie une condamnation à mort…

-Si, c’est lui, il doit mourir !... Ponce Pilate n’a pas envie de se mettre les Grands Prêtres et les notables à dos ; il condamne à la crucifixion ce Jésus de Nazareth. Le préfet retourne finir de se laver les mains.

Quelques années plus tard, on retrouve le corps du romain noyé dans le Rhône en Gaule.

 

-« Oui,c’est a peu près l’histoire officielle qu’on connaît ; à part d’être content que vous aillez la même version, on ne voit pas vraiment comment vous vous êtes vengé… » Dit goguenard Gaspard.



24/04/2013
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