La véritable histoire des Etats Unis - La main du diable

                               8 octobre 1620, 15 Heures 30

     La mer était calme et le bateau marchand gardait bien le cap ; les passagers avaient leur foi chevillée au corps ; ils priaient souvent, tous ensemble. Ce voyage était une épreuve qu’ils avaient accepté de façon conjointe ; même lorsque l’autre bateau, plus petit, avait dû rebrousser chemin ; ils s’étaient serrés pour accueillir les passagers du Speedwell. Toute la communauté se connaissait bien maintenant ; tous étaient unis derrière les idées du révérend Robinson et sa doctrine puritaine. Tous étaient près à retrouver l’esprit de Calvin et le Mayflower était l’arche vers le nouveau monde qui allait leur permettre cela quand ils débarqueraient en Virginie.

Personne ne connaissait John Allerton. Il était monté au dernier moment à Plymouth, et jurait ses grands dieux embrasser les règles de la réforme. Priscillia Mullins lui demanda pourquoi il était parti avec eux ; il répondit que Dieu lui avait demandé.

-« On ne peut rien refuser à Dieu, petite fille ; j’ai fait un très grand voyage dans ma jeunesse ; et maintenant, c’est le dernier. Dieu m’a ordonné d’aller en Amérique, avec les gens chassés d’Europe pour que j’expie mes fautes, sans espoir de revoir un jour l’Europe où j’ai commis de grandes fautes, comme nous tous. La petite fille ne compris pas tout mais elle aimait parler avec cet homme si beau et érudit.

Bien qu’il était grand, bien fait de sa personne et excellent orateur, il se mêlait rarement des conversations et préférait rester à l’écart à observer les pèlerins vivre et parler de leurs rêves et projets dans la colonie.

Ce jour là néanmoins, il prit la parole devant l’assemblée des croyants pour leur proposer d’édicter un acte fixant les règles de conduite de leur futur communauté : liberté de pratiquer leur foi chrétienne selon leur propre choix ; allégeance à Jacques 1er du moment qu’il respecte leur colonie. C’était ce qu’attendaient les Pères Fondateurs. Le texte sortait de la bouche de John Allerton, comme s’il le lisait lui-même ; mais chacun avait l’impression de l’avoir écrit. Les survivants diront plus tard qu’ils étaient comme charmés par le charisme de ce personnage nouvellement venu. Tous étaient pressés d’arriver maintenant qu’ils avaient leur premier acte gouvernemental.

                                                                           

                         11 novembre 1620, 11 Heures 00

   Dès que le bateau de 180 tonneaux touche terre, les pèlerins débarquent ; bien conscients qu’ils sont dans un lieu appelé Cap Cod et non en Virginie. C’est la ferveur de John Allerton qui les a décidé d’accoster plus tôt que prévu ; loin de la concession accordée par le roi. Dès qu’ils ont mis pied à terre, leur nouveau guide spirituel leur propose de signer de leur sang, l’acte fondateur de leur gouvernement, qu’il avait proposé quelques jours plus tôt. Le Mayflower Compact est resté le document sur lequel se sont appuyé les pères fondateurs des nouveaux états pour asseoir leur émancipation avec l’Angleterre et la supériorité des Protestants blancs sur les populations indigènes.

John Allerton disparu quelques jours plus tard, comme il était apparu ; beaucoup pensèrent que les indiens l’avaient pris. Une enfant jura l’avoir vu plonger dans l’océan tout habillé pour ne plus jamais remonter.

 

   -« Non… votre ancêtre était sur le Mayflower ? Dit Gaspard interdit.

-Tu n’as pas compris, reprend Mike. Il était sur ce bateau ; il était John Allerton à l’époque.

-Ce n’est pas possible, confirme Patricia, vous auriez…

-Plus de 400 ans, aide l’assureur ; la jeune femme n’a jamais été forte en calcul.



27/02/2013
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