Les premières fois se passent mal (en général)... - Le feu sous la glace

 Michel remonte la ruelle ; viendra-t-elle ? Il ne la connaît que depuis une semaine mais il sent que cette fois, c’est la bonne.

Les touristes qui ont loué la vieille bastide en surplomb du chemin du flaquier, sont du nord ou de l’est ; ce n’est pas ça qui est important : le vital, c’est qu’ils ont une fille magnifique : Emilie! Le jeune homme ne la connaît que depuis une semaine, mais c’est suffisant quand on a dix-huit ans et qu’on voit une beauté pareille à un bouton de rose, d’au moins quinze printemps.

A quoi ressemble-elle déjà ? Michel ne se rappelle plus les traits exacts ; des cheveux long noirs et lisses, des yeux en amande et puis le reste des traits sont flous. Il faudra qu’il lui demande une photo pour se rappeler et montrer aux copains, comme une prise de guerre. Ses seins ? Il ne se souvient pas, il les a à peine effleuré la dernière fois. Ils sont pointus et durs, mais sa main peut-elle les contenir ?

Encore cinq minutes pour atteindre le lieu de rendez-vous ; la sœur de Gabriel lui aura-t-elle bien expliqué l’endroit ? Lui aura-t-elle demandé de ne pas mettre de soutien-gorge ? Lui a un préservatif que lui a passé Alain ; mais il ne sait pas s’en servir, il n’a jamais eu à se poser cette question. Emilie, belle comme elle est, doit savoir… Il faudra bien ! Enfin, ils n’en sont pas encore là, mais le grand benêt vient pour ça.

L’aime-t-il ? Il n’en sait rien, l’amour, ça n’existe que dans les livres à l’eau de roses pour préparer le cœur des filles à l’inéluctable passage. Michel tient à elle, c’est sûr ! Son sang lui tape sur les tempes au fur et à mesure de la grimpette sur le layon caillouteux ; il y a l’effort mais aussi un peu d’ardeur, de sentiment, dans l’accélération de la pompe qu’il a dans la poitrine. Encore deux petits lacets presque fermés par les ronces couvertes de mûres.

Enfin, elle est là, debout au milieu du promontoire grand comme un lit de parents ; si elle est déjà là, c’est qu’elle a envie de le voir, envie de l’embrasser, envie d’aller plus loin…

 Elle porte une robe à fleur avec juste deux bretelles fines qui la tienne sur ses épaules fragiles. Un souffle de vent pourrait faire s’envoler le vêtement dérisoire. Pas de trace de bretelles à côté ; Michel remercie mentalement la sœur de Gaby. Emilie est là plantée dans ses socquettes et ses chaussures à boucles ; elle sourit pour se donner contenance, elle sourit à la vie qui vient à sa rencontre. On dirait une friandise plantée au milieu de la vitrine d’une confiserie. Michel a quelques carambars dans la poche, dans le cas où ils auraient un petit creux… après…

Il lui prend les mains, menues et glacées malgré le soleil de pâques. Enfin il la serre dans ses bras.

« Tu es jolie, je suis content que tu sois venue… » Arrive-t-il  à lâcher dans un soupir ; il s’agissait d’un prétexte pour lui faire fléchir les genoux et l’amener au sol. Elle se trouve face à la plaine à ses pieds, le village et ses parents, les champs et la brume au loin comme un deuxième rempart…

Le jeune homme a étendu son pull en laine sur l’herbe tendre pour ne pas qu’elle sente l’humidité ; et puis il lui fait de petits bisous des lèvres au cou ; la bretelle de la robe, qui a pris du jeu par la position, bascule de l’épaule dévoilant un sein pyramidal. Michel se jette sur cette pâture ; Emilie sourit toujours, au beau garçon et ne sait pas ce qui va se passer. Elle laisse son jeune corps prendre confiance avec des sensations nouvelles et insoupçonnées ; elle a immédiatement moins froid, même si elle n’est maintenant qu’en culotte et en socquettes. Lui se déshabille prestement et elle voit ses muscles jeunes apparaître dans la nature sauvage et puis son appendice d’homme… Elle en a vu en photos, comme celles que lui montre cette traînée d’Evelyne, mais c’est plus impressionnant en vrai. Il prend un petit objet dans la poche de son jean, puis hésite, puis le re-range prestement ; l’adolescent la regarde à nouveau, offerte, mais son regard a changé ; il est moins tendre, moins hésitant, plus brusque. Il lui enlève violemment sa culotte ; l’élastique la coupe un peu par la rapidité du geste. Il tâte un peu avec sa main hésitante le dessous de la ceinture de la fillette et puis plante son dard dans le cœur d’Emilie. Il serait rentré par le nombril que ça aurait été moins douloureux ; un coup de poignard donné par un boucher sanguinaire. Il veut la tuer, elle a mal, elle se débat, veut qu’il sorte et s’en aille. La brûlure au fer chaud est trop forte, elle crie et pleure et lui, pèse de tout le poids qu’il peut. Il n’y a que peu de temps que la jeune fille est une femme, qu’elle saigne entre les cuisses tous les mois ; là entre eux, sur le pull de laine, ça recommence alors que ce n’est pas la période. C’est pour ça qu’elle a si mal, il l’a blessé. Elle veut en finir, elle veut qu’il la laisse, elle a honte, elle veut mourir…



21/02/2013
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