Quand une ex vous téléphone - Le feu sous la glace
Mais où est-elle ? Djamel est allé à la boutique ; l’ardoise sur la porte indiquant retour imminent semble avoir été inscrit au temps des persécutions des protestants. Maintenant qu’il s’est cassé le nez sur la porte hors d’âge, il ne sait plus où la chercher. Il y a sa copine rouquine avec qui il l’avait vu en boite… Oui, c’est la seule solution ; elle, il sait où la trouver. L’office du tourisme siège à l’entrée de la ville ; ce sont les temples modernes dédiés aux dieux des loisirs payants. Le journaliste manque de se faire renverser deux fois et de se casser trois pattes en parcourant rapidement la distance le séparant de l’édifice municipal. Il arrive vivant mais un peu essoufflé à la porte monumentale ; l’homme prie pour que ce soit encore ouvert. Une fois à l’intérieur, il cherche des yeux une chevelure flamboyante. Il commence a esquisser un demi-sourire, quand il se rend compte que la rousse plantureuse qui est à sa gauche, n’a pas les traits réguliers de celle de la boite de nuit. Tant pis, faute de grives…
« Bonjour Mademoiselle… La femme s’intéresse enfin à lui pour s’apercevoir que cet homme noir est séduisant en plus d’être costaud.
-Oui Monsieur, que puis-je pour votre service ? Son sourire le plus agréable montre qu’elle est très disponible pour le conseil, la visite de la ville et plus encore…
-Je cherche une jeune femme rousse comme vous, que j’ai vu en début de semaine ici. Cela vous dit quelque chose ? Le visage féminin se ferme comme une porte de prison.
-Ha oui… Vous voulez parlez à Nathalie sans doute ? Elle prononce ce prénom comme si elle avait des lames de rasoir dans la bouche. Elle a pris sa journée ; comme rousse, il n’y a que moi aujourd’hui… Croit-elle devoir rajouter sur un ton doux amer. Djamel fait un pas vers la sortie ; s’apprête à remercier, puis reviens à la charge.
-Vous ne savez pas où on peut la trouver ? J’ai un truc à lui rendre et je dois repartir bientôt. Encore un demi mensonge ; le journaliste devient professionnel de ça. La jeune femme le dévisage encore ; il doit vouloir lui rendre sa petite culotte sans doute… Elle hausse les épaules et précise sans savoir vraiment pourquoi.
-Je crois qu’elle habite avec une copine brune, 11 rue du four banal ; c’est une impasse derrière le centre du bourg.
-Merci encore Mademoiselle ! » Il la gratifie de son sourire le plus enjôleur ; elle l’a bien mérité. Djamel est déjà dans la rue ; la nuit commence à tomber quand son téléphone vibre dans sa poche. Seulement deux personnes ont son numéro : Quand c’est sa vieille mère, cela provoque une démangeaison dans toute la cuisse ; là, c’est clairement une crampe. Il décroche avec le sentiment que l’avalanche va ensevelir sa vie ; le risque climatique est maximum.
«Allo Betty ? Qu’est ce que tu me veux encore ?
-Oui c’est moi, mon doudou ; ho, mais tu as l’air énervé ! Alors, elle avance ton enquête ? On en parlait tout à l’heure avec Jean ; les concurrents vont envoyer une équipe en Savoie, mais nous bon… On a toi ! Alors, j’en profite pour prendre de tes nouvelles et entendre ta voix.
-Je ne peux pas trop te parler là ; je suis sur une piste et je crois que j’ai même de l’avance sur les enquêteurs. Il y a une fille qui a l’air impliqué ; je ne sais pas à quel niveau. Quand j’en sais plus, je te rappelle, promis !
-Te connaissant, elle doit être mignonne et avoir les jambes longues ; c’est le genre d’enquêtes que tu affectionnes !
-Je te rappelle que c’est toi qui t’es tirée, et pour coucher avec le patron qui plus est ! Djamel s’est arrêté en pleine rue pour vider son sac ; la jalousie de son ex harpie le fait exploser et totalement oublier que chaque seconde compte pour retrouver Emilie et Nathalie. Bon, je dois te laisser là Betty ; ça ne sert plus à rien qu’on se dispute ; je te rappelle dès que j’ai du concret, promis. Tâche de ton côté de m’obtenir une nouvelle accréditation, au moins temporaire que je puisse bosser normalement ! Tchao. » Il cherche une hypothétique grille d’égout pour jeter son portable.